Blatten : un premier décret de 10 millions

Après l’éboulement du 28 mai 2025 qui a ravagé Blatten, le Grand Conseil a adopté un décret d’urgence pour accorder une aide immédiate de 10 millions de francs. Sonia Tauss Cornut, cheffe du groupe PLR/FDP, revient sur cette décision et sur la vision de son parti face à cette tragédie.

Sonia Tauss Cornut, la catastrophe de Blatten a marqué tout le canton. Quelle a été votre première réaction au moment d’aborder ce dossier au Grand Conseil ?

Cette tragédie est d’une ampleur exceptionnelle. En tant qu’élus, nous avons la responsabilité d’accompagner et de soutenir la population lorsqu’elle traverse de telles épreuves.

Mais il faut le faire avec recul, sans céder uniquement à l’émotion. Le décret qui nous a été soumis apporte une réponse claire: une contribution solidaire immédiate, financée par la Loterie Romande, et surtout sans bureaucratie excessive.

Concrètement, comment sera distribuée cette aide d’urgence ?

Les 10 millions de francs seront versés sous deux formes. D’abord, une aide forfaitaire, immédiate, qui permettra aux habitants et aux indépendants de couvrir leurs besoins essentiels. Ensuite, une aide complémentaire, plus ciblée, sera attribuée selon les besoins spécifiques. C’est une solution équilibrée qui allie rapidité et équité.

Le PLR a déposé deux amendements. Quels étaient vos objectifs ?

Nous voulions garantir la clarté et la bonne gestion. Le premier amendement demandait au Conseil d’État de préciser, dans un règlement, les conditions d’attribution de l’aide. Cela évite toute ambiguïté et assure un traitement objectif. Le second portait sur la Commission des dons, qui regroupe la commune, le canton et des organisations caritatives comme Caritas, la Croix-Rouge et la Chaîne du Bonheur. Nous avons insisté pour que cette commission soit pleinement associée et queses décisions soient coordonnées avec celles prévues par le décret.

Vous avez dit que cette décision fera jurisprudence. Pourquoi ?

Parce que malheureusement, le Valais est régulièrement frappé par des catastrophes naturelles. La manière dont nous répondons à Blatten servira de précédent pour d’autres situations. C’est pourquoi il fallait inscrire cette démarche dans un cadre clair, équitable et reproductible. À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle, mais la règle doit rester lisible et applicable à l’avenir.

Votre message dépasse Blatten. À qui s’adresse-t-il encore ?

Nos pensées vont évidemment d’abord aux habitants de Blatten, mais nous n’oublions pas les sinistrés de Sierre et de Lourtier, qui traversent eux aussi des

drames. Le Conseil d’État a tiré des enseignements

des difficultés rencontrées à Sierre et dans l’Entremont. La réponse apportée avec ce décret va dans le bon sens, mais il est tout aussi nécessaire de trouver rapidement des solutions pour ces autres situations.

On parle déjà de plusieurs dizaines de millions de francs d’argent disponible, et même d’un deuxième décret du Conseil d’Etat pour la fin de l’année avec environ 100 millions. Comment voyez-vous la suite ?

Il faut bien entendu trouver des solutions, mais il ne faut pas non plus laisser croire que tout sera possible. On ne règle pas tout avec l’argent. Ce que nous pouvons et devons faire, c’est soulager le drame humain avec les moyens de l’État. Mais il faudra aussi avoir un discours clair sur ce qui est réalisable et ce qui ne l’est pas. J’ai même entendu dans la population des voix qui disaient qu’on en faisait peut-être trop et qu’on laissait croire que tout pourrait redevenir comme avant la catastrophe.

Et puis, il faut être lucide: l’argent, quand il arrive en masse, peut aussi créer des tensions, des jalousies, des attentes irréalistes. C’est pourquoi il est essentiel que tout soit cadré, transparent et équitable.

J’ai une pensée particulière pour le président de la commune de Blatten, Beat Bellwald. Il a perdu son village, il doit gérerune situation incroyable et, en plus, il devra assumer la responsabilité des compensations financières prévues. Ce ne doit pas être facile. C’est aussi pourquoi nous devons veiller à l’accompagner avec des règles claires, afin d’éviter que l’aide, au lieu d’apaiser, ne génère de nouveaux problèmes.