Avec ses 5’186 kilomètres de routes, le Valais est l’un des cantons les plus maillés de Suisse. Mais un tiers de ce réseau est jugé en mauvais état, nécessitant d’importants travaux d’entretien.
Le problème ? Ces chantiers ont souvent un coût économique pour les PME installées à proximité: accès restreints, pertes de clientèle, retards de livraison.
Face à cette réalité, une motion avait été déposée en novembre 2023 par quatre députés – Sébastien Rey (PLR), Pierre Gualino (Le Centre), Valentin Reynard (UDC) et Sébastien Nendaz (PS) – réclamant deux mesures simples :
1. Reconnaitre explicitement l’intérêt économique comme un élément à protéger dans la Loi sur les routes.
2. Instaurer un préavis obligatoire de trois mois avant toute fermeture ou déviation, sauf urgence.
Dans sa réponse officielle, le gouvernement valaisan a recommandé le rejet de la motion. Il estimait que les bases légales actuelles suffisent, que l’intérêt économique est déjà pris en compte de manière implicite, et qu’un délai fixe de trois mois risquerait de rigidifier les procédures. Il évoquait aussi un coût de 500’000 francs pour une éventuelle plateforme numérique d’information.
Le Grand Conseil dit non… au non du gouvernement
C’est justement cette position que Vincent Pravato, au nom du groupe PLR, a vigoureusement combattue lors du débat au Grand Conseil. «Les routes se ferment en un jour, mais une PME met des années à se remettre d’un chantier mal annoncé», a-t-il lancé d’entrée.
Dans sa prise de parole, le député a dénoncé un refus «qui ne tient ni sur le plan juridique, ni sur le plan économique, ni sur le plan politique», rappelant les témoignages d’entreprises qui découvrent des fermetures de routes avec quelques jours d’avance, parfois même après le début du chantier.
Il a aussi cité l’exemple de la Rue de Carouge à Genève, «littéralement sinistrée» par des travaux mal coordonnés, pour avertir que le Valais pourrait connaître le même sort si rien n’était fait.
«Un préavis de trois mois, ce n’est pas une entrave. C’est une respiration pour les PME, une planification correcte pour les communes, une communication efficace pour la population.»
Une large majorité au Parlement
Finalement, une majorité nette du Grand Conseil ( 88 Oui contre 37 Non) a rejeté la réponse du Conseil d’État et confirmé la motion. Celle-ci sera donc intégrée dans la Loi sur les routes.
«Refuser de nommer explicitement dans la loi l’intérêt économique, c’est l’invisibiliser», a encore insisté Vincent Pravato. «Le Valais n’est pas un canton où l’on construit contre les entreprises. C’est un canton où l’on doit construire avec elles.»
L’adoption de cette motion marque une reconnaissance explicite de l’importance de la coordination entre pouvoirs publics et tissu économique local. Elle impose au gouvernement d’inscrire cette réalité dans la loi, et de mieux informer les entreprises en amont des perturbations.